Trauma et traumatismes : entre confusions, idées reçues et … espoirs !
Cet article n’a pas la prétention de traiter le sujet dans sa globalité, mais plutôt de proposer une première approche ainsi que quelques clés de compréhension – non exhaustives et synthétiques – du processus traumatique.
Qu’est-ce qui détermine le traumatisme ?
Premièrement, il ne faut pas confondre trauma et traumatisme … Je m’explique. Le trauma est l’évènement en lui-même (l’agression, le choc etc). Le traumatisme quant à lui, consiste en l’ensemble des conséquences psychiques. Tout trauma n’a pas forcément d’effet psychique ultérieur, et inversement !
La croyance répandue que le traumatisme est forcément proportionnel au trauma (et donc qu’il y aurait une échelle de gravité selon la nature de l’évènement) est donc en partie fausse. Si le type d’agression a bien sûr une importance, ce n’est pas le facteur significatif. Mais si trauma et traumatisme ne sont pas entièrement corrélés, quels sont les grands facteurs déterminants ?
La théorie de l’attachement a démontré qu’un attachement insecure (de nature anxieux ambivalent ou évitant), ou désorganisé, favorise la cristallisation du traumatisme. En n’ayant pas intériorisé une base de sécurité dans l’enfance (relation secure prodiguée par la/les figure(s) d’attachement), ces personnes manquent de ressources internes pour gérer l’afflux émotionnels et sont donc plus ‘à risque’. En d’autres termes, la façon dont les parents ont réagi à nos émotions et notamment dans les situations de détresse, à une portée capitale sur notre façon d’appréhender le monde et de s’y adapter. C’est pour beaucoup d’auteur le grand dénominateur commun. Bien sûr, des expériences ultérieures peuvent modifier tout au long de la vie notre relation d’attachement. (La théorie de l’attachement étant un sujet à lui tout seul, ce serait beaucoup trop long de le développer ici, mais il est tellement important et passionnant qu’il sera sûrement l’objet d’un prochain article !)
Boris Cyrulnik[1], merveilleux neuropsychiatre qui a posé le concept de résilience (processus permettant à un individu de dépasser le traumatisme) a identifié plusieurs facteurs influençant les réactions à un choc. La manière de réagir de l’entourage est déterminante : si le récit est accueilli et ce avec bienveillance, compassion, la résilience sera possible. Autre facteur commun : les fameux tuteurs de résilience. En dehors de la famille, ces personnes signifiantes, en redonnant confiance, et en ayant elles-mêmes confiance dans les capacités de la victime, vont la soutenir et l’amener à se reconstruire.
[1] Je vous conseille deux ouvrages de B. Cyrulnik sur le sujet : ‘Les vilains petits canards’ et ‘la nuit j’écrirai des soleil’
Donc, la possibilité de dire/écrire/raconter (Boris Cyrulnik affirmait que « raconter c’est déjà interpréter ») donne un sens et met ainsi à distance le traumatisme, tant qu’il y a un autre pour recevoir le récit. Le processus de résilience a apporté une vision positive, un espoir de reconstruction, dans un domaine où on considérait qu’on ne ‘guérissait’ pas d’un traumatisme important (vous remarquerez qu’encore aujourd’hui, certaines personnes ont tendance à définir l’autre en fonction de son vécu traumatique).
Les classifications du traumatisme
Que peut-on donc considérer comme étant traumatique ?
Le mot Trauma vient de deux mots grecs signifiant « blessure » et « percer », induisant une blessure avec effraction[1]. Le traumatisme désigne donc en psychanalyse un choc, une effraction psychique. Le choc de/des évènements provoque un afflux d’excitations trop intense pour l’appareil psychique, il se trouve dans l’incapacité d’en gérer la décharge, créant ainsi le traumatisme.
[1] Vocabulaire de la psychanalyse, La planche et Pontalis, Ed Quadrige/PUF 9ème tirage 2023, p 499